De tradus… în curând…
Canal audio : voix et machine, téléphone, radio…
Je rassemble ici mes explorations de l’audio du téléphone et, plus largement, des rapports entre voix et machine (serveur vocal, GPS, etc.) à travers plusieurs actions, depuis mars 2020. Par ma démarche, je tente notamment de repositionner la machine comme un simple moyen de communication au service de l’humain, de démystifier la machine et la fascination qu’elle exerce, de développer des pratiques généralement low-tech pour gagner en indépendance par rapport aux contraintes techniques et aux coûts énergétiques. Je poursuis ces recherches autour du canal „audio du téléphone” avec La Marge Heureuse dans le cadre du programme de recherche „AVOIR LIEU” qui vise notamment à développer des formes hybrides présentiel/distanciel, en multicanal, interactives et covid-compatibles.
En mai 2020, j’ai donné deux entretiens sur ce travail : dans la Revue Bancal, avec Céline Chartier, et dans une newsletter pour les anciens étudiants de l’ESSEC, avec Franck Asenkat. J’ai également participé, dans le cadre de EUNIC Mixers, à un échange en visioconférence avec Mihaela Michailov du théâtre Replika de Bucarest et Ioana Costaş de l’Institut Français de Cluj Napoca, au sujet du théâtre en période d’épidémie (c’est ici, en roumain). Des articles sur „Artistes au téléphone” figurent en bas de cette page.
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Canaux utilisés : présentiel (public sur le lieu de réception voire d’émission) et distanciel (téléphone et/ou radio/webradio, voire diffusion sur réseaux sociaux, etc. des retours vidéos depuis le public)
Avantages : impact écologique réduit (les téléperformances ne nécessitent pas le déplacement des artistes), coopération avec des téléperformeurs locaux (professionnel.le.s du spectacle ou non), jauge très réduite possible (avec démultiplication des „récepteurs”).
J’utilise le mot „téléperformance” pour le préfixe „télé” qui rappelle le téléphone, et le mot „performance”. Le téléperformeur „émetteur” envoie des indications par téléphone aux téléperformeurs „récepteurs” qui, dans un autre espace et face à un public, vont réaliser en direct des actions (paroles à prononcer et gestes à faire) à partir des indications qui leur sont dictées au fur et à mesure. Le dispositif peut s’inverser, se démultiplier, intégrer des retours vidéos avec partage sur Internet, etc. Pas de répétition préalable, moment unique, nécessité de prendre en compte et d’improviser sur le moment, découverte des mots et des gestes à chaque instant par les „récepteurs”.
Fin avril 2020, depuis Clermont-Ferrand, j’ai effectué ma première téléperformance en duo, en interaction téléphonique avec le public distant, via l’artiste Agathe Guignard, à Besançon, que je guidais par téléphone devant ses „co-confinés”. C’était, sous certains aspects, une forme de théâtre d’appartement audio-guidé. D’un point de vue narratif, cette téléperformance s’articulait autour d’une fiction futuriste : un rituel d’appel aux esprits aboutissant à la possession de la téléperformeuse par un certain Christopher. Cet artiste de 2053, habitué à performer par télépathie, se retrouvait pour la première fois catapulté dans le passé, via un corps inconnu. Imaginer un vocabulaire du futur et un rituel païeno-technologique, voilà ce qui m’a surtout mis en mouvement pour l’écriture de la trame et de bribes de textes (car les réactions des spectateurs, que j’entendais par le téléphone d’Agathe poussaient à l’improvisation). J’avais un retour audio mais rien au niveau vidéo.
Le 03 juillet 2020, j’ai repris ce même dispositif et le cadre narratif évoqué, pour une téléperformance en duo, retransmise en direct sur une webradio, Radio Galoche, depuis l’espace DOC! à Paris, avec l’artiste Perrine Trébal, , avec l’idée que des auditeur.ice.s pourraient également téléperformer devant leur public grâce aux indications entendues à la radio.
Je cherche aujourd’hui à constituer un réseau d’artistes intéressés par le développement de téléperformances transfrontalières, sur d’autres bases narratives, et dans des dispositfs réversibles entre émission et réception.
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Canaux utilisés : présentiel (coprésence sur les lieux de réception) et distanciel (Zoom, live Facebook, WhatsApp, audio du téléphone + des retours vidéos depuis le public)
„Give me your body, I’ll tell you poetry” : samedi 05 décembre 2020, invité par la Casa Tranzit de Cluj Napoca (RO) à effectuer une nouvelle téléperformance en roumain, j’ai mis en place un dispositif multicanal élargi : d’abord à travers l’identité de Daniel Julilère, téléspiritiste professionnel, j’ai commencé par accompagner à distance, en direct, la mise en place d’un rituel d’appel aux esprits depuis là où se trouvaient les auditeurs et auditrices. Ma voix leur était transmise grâce à une visio-conférence Zoom, elle-même retransmise sur un live Facebook par la Casa Tranzit, en parallèle d’un groupe WhatsApp et d’un téléphone filaire. Pendant cette première partie, accessible à toutes et tous, j’ai accompagné le son par une retransmission vidéo en direct à celles et ceux qui me suivaient via Zoom ou Facebook, filmé grâce à la webcam de mon ordinateur et éclairé par une petite lampe d’appoint pour surexposer mon visage. Ce moment a été documenté par Benjamin Trouche qui me filmait et me photographiait (cf. vidéo n°2 ci-contre).
Après la mise en place du rituel, je demandais expressément à chaque groupe de personnes qui me suivaient via Zoom, Facebook, WhatsApp ou téléphone, de choisir une personne parmi elles.eux afin que je l’accompagne individuellement dans rôle d’intermédiaire entre le groupe et les esprits. Il lui fallait alors couper les éventuels hauts-parleurs de son ordinateur ou téléphone, m’écouter en audio via son seul casque, et que les autres membres du groupe se déconnectent également du canal qui leur faisait parvenir ma voix, voire également mon image. J’annonçais pour cela devoir m’isoler avec la personne intermédiaire pour la baigner de chants et de musique afin de la mettre en condition pour accueillir un esprit dans son corps. Quelques instants plus tard, je pouvais alors commencer d’audioguider la personne intermédiaire dans sa téléperformance devant son public, grâce à mes indocations de gestes à faire et mots à dire. Ce fut notamment le cas pour Csenge Schneider-Lonhart, filmée depuis la Casa Tranzit par Schneider Bence (cf. vidéo n°1 ci-contre). Le public de chacune des différentes téléperformances individuelles, réalisées ici et là dans chacun des groupes, était appelé à partager photos et vidéos à travers le hashtag #poeticspiritism sur Facebook et Instagram. Une discussion a suivi sur Zoom pour échanger avec les personnes qui avaient assisté à cet ensemble de téléperformances, via un ou plusieurs des canaux proposés : en coprésence au sein d’un groupe, via Zoom, Facebook live, WhatsApp, ausio du téléphone et hashtag sur Facebook ou Instagram.
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Serveur Vocal Humain… chez moi ou en direct à la radio
En avril 2020, j’ai imaginé l’arborescence d’un serveur vocal téléphonique permettant aux appelants d’aboutir, après un parcours poétique et ludique au fil des messages diffusés, à l’écoute de certains de mes poèmes, textes de théâtre, etc. J’ai ensuite fait passer autour de moi l’information (fausse) comme quoi je travaillais avec une entreprise sur la mise en place d’un véritable serveur vocal automatique poétique et qu’il suffisait d’appeler pendant des plages horaires précises, sur mon propre numéro de téléphone, pour tester le prototype. Lorsque le téléphone sonnait, c’est moi qui décrochais : j’entamais immédiatement l’imitation des voix automatiques (rythme et tonalité) pour souhaiter la bienvenue et annoncer que l’appel serait enregistré pour des raisons de recherche et développement (afin que les appelants se sachent écoutés). J’effectuais aussi différentes manipulations sur mon téléphone pour donner l’impression d’un serveur automatique, tandis que je lisais à voix haute les messages que j’avais rédigés dans l’arborescence (un fichier texte sur l’écran de mon ordinateur) puis finalement tel ou tel poème ou texte demandé. Beaucoup ont cru à un véritable serveur automatique, d’autres ont douté, certain.e.s ont réussi à me faire éclater de rire. Il faut dire que la manière dont j’ai conçu l’arborescence exacerbe le côté absurde du SVI en tant que tel, sa tentative de paraître humain, de faire de l’humour ou un jeu de mot poétique.
En juillet 2020, j’ai eu la joie de reproduire cette expérience en direct sur la webradio Radio Galoche, depuis l’espace DOC! à Paris. Cette fois-ci, du fait de ma présence en direct à la radio, il me fallait répéter un message en boucle en attendant les appels des auditeurs et auditrices sur mon téléphone portable. Le studio ne pouvant pas être appelé directement, c’était en effet mon téléphone portable qui était appelé, en mode haut-parleur afin que les voix des appelants puissent être reprises par un micro du studio. L’enregistrement de ces 40 minutes de direct sont en écoute via le podcast accessible ici, puis en cliquant lecture sur la lecteur en haut de page.
Serveur Vocal Humain… dans un espace d’exposition
Le 15 mai 2020 à ZAOUM, espace d’artistes à Clermont-Ferrand, pour le finissage de l’exposition „ICI PROCHAINEMENT paillasson et adventices” de l’artiste Théo Poulet (voir aussi ma performance pour le vernissage), je me suis installé dans la vitrine de l’exposition afin de proposer un Serveur Vocal Humain particulier : une arborescence conçue pour mener à la lecture de 12 textes écrits par Théo Poulet, en lien avec 12 espaces particuliers de l’exposition. C’était une forme de visite virtuelle par téléphone. C’est à cette occasion que j’ai expérimenté pour la première fois le GPS Humain (voire vidéo ci-contre), en communiquant aux passants les indications qui devaient les conduire à entrer dans la galerie : „Dans 4 mètres, tournez à gauche. Tournez à gauche. Faites demi-tour”, etc. Ces interactions (d’autant plus troublantes car j’étais masqué) avec les personnes à proximité dans la rue ont été très inspirantes et je compte développer ce dispositif lors de prochaines occasions.
Le 04 juillet 2020, en direct sur Radio Galoche, depuis l’espace DOC!, j’ai repris ce même dispositif pour les auditeur.ice.s qui étaient invités à m’appeler pendant les 40 minutes d’antenne du Serveur Vocal Humain. Que ce soit dans une galerie ou en direct à la radio, ces deux variantes augmentent la portée du Serveur Vocal Humain et permettent à plus de gens d’en faire l’expérience.
Serveur Vocal Interactif Poétique
Depuis mai 2020, je travaille avec l’entreprise TLM Com sur la mise en place d’un (vrai!) modèle de Serveur Vocal Interactif Poétique (avec des voix automatiques) permettant l’écoute de certains de mes textes, enregistrés pour l’occasion. Il disposera de trois menus principaux : un menu pour l’écoute de poèmes, un menu pour l’écoute d’autres textes (extraits de pièces de théâtre, de romans…) et un menu pour l’écoute de textes en écriture semi-automatique, que j’aimerais assez hypnotiques pour aider les gens à trouver le sommeil en cas d’insomnie. L’arborescence reprend celle que j’ai utilisée pour mon premier SVI Humain un mois plus tôt, avec des modifications et des ajouts, notamment inspirés par la découverte des possibilités et contraintes techniques. Ce prototype pourra ensuite être décliné et proposé à des institutions culturelles ou des entreprises, avec une autre arborescence et avec d’autres textes (car ici, ce sont seulement des textes dont je suis l’auteur) pour faire découvrir le travail d’autres artistes, explorer une saison artistique par l’audio, découvrir un métier, etc. Avec l’équipe de TLM Com, nous envisageons différentes déclinaisons de ce SVI poétique.
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Canaux utilisés : distanciel (téléphone, mails, vidéo en direct ou différé, etc.)
Avantages : impact écologique réduit (les télérésidences ne nécessitent pas le déplacement des artistes), confinement-compatible.
La résidence artistique classique est définie par l’accueil d’artistes dans un lieu physique pour un temps déterminé, afin de leur permettre de travailler en lien avec des équipements mis à leurs disposition, et avec parfois un intérêt particulier pour un paysage, des personnes, etc. Je définis la télérésidence comme une forme de résidence artistique en télétravail. Il s’agit alors de définir les canaux par lesquels seront reliés l’ici des artistes et l’ailleurs de la résidence (lieux, équipements, personnes…) aussi bien pour le travail de création que pour le partage des oeuvres.
Début avril 2020, j’ai effectué une télérésidence avec l’Institut Français de Cluj Napoca : dans la suite de discussions par téléphone avec des habitants de cette ville roumaine, à qui je demandais d’imaginer avec moi un futur post-crise de manière positive, j’ai écrit cinq poèmes en français et en roumain. L’influence des discussions sur ces poèmes n’est pas très apparente, mais je suis persuadé que ces échanges m’ont nourri dans l’écriture. À la demande de l’Institut Français, j’ai mis ces poèmes en vidéo en les lisant à haute voix en même temps que je filmais différents éléments de mon intérieur ou de mon jardin (enregistrement simultané des images et du son pour chaque séquence). Ces vidéos ont été diffusées sur la page Facebook de l’Institut Français de Cluj Napoca et aussi sur le site du Festival des Arts Confinés à qui je les ai soumises, ils ont également été illustrés par Isabelle Grange et exposé à l’Atelier-Musée du Chapeau à Chazelles-sur-Lyon (publiés dans le catalogue) puis exposés sur le boulevard Eroilor de Cluj Napoca (RO) dans le cadre du Festival Clujotronic.
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À l’origine des différents dispositifs ci-dessus, il y a mon envie, dès le 14 mars 2020, de lire mes textes par téléphone, avec un lien pour les donations. Deux jours plus tard, au début du confinement pour la pandémie de covid-19, j’ai lancé le groupe Facebook Artistes au Téléphone pour ouvrir à d’autres et encourager le partage par l’audio du téléphone. Ce groupe compte un peu plus de 400 membres en mai 2020. Une trentaine ont posté des annonces pour préciser leur proposition : texte, chant, musique… avec le mode de prise de rendez-vous et un lien éventuel pour une donation : c’est auto-géré. Tous les jeudis soirs, pendant le confinement du printemps 2020, Isabelle Rainaldi a organisé les Jeudi Ouvert, une scène ouverte via Zoom, en audio seul, avec des lectures de 5 min. par artiste. Le public applaudit entre chaque texte, commente, échange. Une sorte de salle virtuelle, un petit bar à textes ! Quand le session Zoom d’Isabelle était terminée, j’ouvrais une seconde réunion où nous pouvions migrer en un instant : c’était comme faire la tournée des bars. Nous terminions par un poème en écriture collective à l’oral, que je lisais ensuite pour clore la session. Les scènes Jeudi Ouvert ont repris en novembre 2020 chaque jeudi soir, mais cette fois-ci via les conférences téléphoniques d’OVH : nous ne passons plus par nos connexions Internet, seulement par l’audio de nos téléphones. La régularité changera en fonction des aléas. Les événements sont annoncés ici : Artistes au Téléphone, entrée libre.
La presse parle d’Artistes au téléphone :
06/2020 : „Danielle Vioux va donner de la voix”, La Provence, édition Salon de Provence, par Isabelle Conseil (ci-contre)
05/2020 : „Théâtre / Clyde Chabot collecte vos singularités”, Le Journal de St Denis, par Maxime Longuet
03/2020 : „Covid-19 : Le théâtre au bout du fil”, Sceneweb, par Anaïs Heluin
Contact : Julien Daillère / +33 6 69 18 75 27 / j.daillere@gmail.com
Partenaires
Télérésidence produite par la compagnie La TraverScène, avec le financement de l’Institut Français de Cluj Napoca (RO). Serveur Vocal Humain accueilli par Zaoum, Clermont-Ferrand (63). Ces recherches et expérimentations se font dans le cadre du programme La Marge Heureuse soutenu par Anis Gras, le lieu de l’autre, Arcueil (94).